faire un don à la protection civile--

Regards croisés sur l’action humanitaire : Mister Geopolitix en Ukraine avec la Protection Civile

La Protection Civile a été sollicitée par l’Association des Maires de France (AMF), l’un de ses partenaires institutionnels majeurs, pour la réalisation d’un reportage consacré à l’engagement citoyen des jeunes dans la réponse aux crises internationales.

À cette occasion, l’opération humanitaire menée en réponse à la guerre en Ukraine, la plus importante intervention internationale de la Protection Civile à ce jour, a été mise en avant.

Afin de rendre ce sujet accessible et enrichissant pour le grand public, le reportage a été réalisé en collaboration avec Mister Geopolitix, créateur de contenu reconnu pour sa vulgarisation de la géopolitique sur YouTube. Plusieurs acteurs clés de la gestion de cette crise ont été interviewés afin d’apporter un témoignage concret et authentique sur les actions réalisées sur le terrain.

Ci-dessous, découvrez l’interview de Mister Geopolitix réalisée à la suite de son déplacement en Ukraine, sur les traces des projets menés par la Protection Civile.

Qui es-tu et quel est ton métier ? 

Bonjour à tous, je m’appelle Gildas, j’ai 35 ans, et mon boulot, c’est de rendre la géopolitique accessible à tout le monde à travers des vidéos, principalement sur YouTube, Instagram et TikTok.

Alors certains disent créateur de contenu, d’autres youtubeur, ou même influenceur… mais franchement, je ne me reconnais pas trop dans ces mots-là ; je me définis plus comme un vulgarisateur de géopolitique.

Ce que j’essaie de faire, c’est plutôt faire le lien entre le grand public et les experts, en allant voir les réalités sur le terrain, un peu partout dans le monde.

Comment j’en suis arrivé là ?

Tout a commencé l’année de mon bac.

Je suis parti avec des potes au Sénégal, et c’est la première fois que je me suis vraiment intéressé à l’international. Ce voyage a déclenché un vrai déclic : je me suis dit “ok, je veux comprendre ce monde, il est tellement grand, tellement complexe, tellement beau…”

Ensuite, j’ai fait deux ans d’études en économie au Mexique.

Et le week-end, je bougeais pas mal, je voyageais un peu partout. C’est là que j’ai commencé à toucher du doigt la réalité de sujets comme la pauvreté ou l’immigration, en faisant plein de rencontres dans des villages.

À la fin de mes études, j’ai pris une année sabbatique.

J’ai fait le tour de la Méditerranée pendant neuf mois, et j’ai commencé à faire des vidéos sur une première chaîne YouTube.

L’idée, c’était de comprendre le monde à travers un mélange un peu fou de géopolitique, économie, sociologie, géographie… un vrai carnet de voyage en fait.

Et au passage, ça m’a appris plein de choses : à filmer, monter, gérer une chaîne YouTube, à comprendre une communauté.

À la base, c’était juste un projet ponctuel… mais finalement, il est devenu mon métier à temps plein.

Tu as pu te rendre compte de réponses humanitaires de la Protection Civile en Ukraine, quelles ont été tes impressions ? 

Sur d’autres missions que j’avais pu faire avant, j’avais surtout vu des interventions d’urgence, très massives, où on déploie toute la cavalerie ; un peu mode “in and out”, quoi.

Alors que là, avec la Protection Civile, c’était complètement différent : on prenait le temps d’échanger avec les médecins, les professeurs, les maires, les patients…

Il y avait cette idée de co-construire des projets sur le long terme, de manière personnalisée, adaptée à chaque situation.

Et ça, ça m’a vraiment fait comprendre à quel point le sur-mesure est essentiel dans l’humanitaire si on veut que l’aide soit durable et efficace.

J’ai aussi beaucoup apprécié ce suivi dans le temps, à l’opposé de la logique du “on finance, on inaugure, et on s’en va”.

Franchement, j’ai pris une vraie claque sur la richesse du métier, sur la multiplicité des compétences qu’il faut mobiliser pour répondre aux défis sur le terrain.

Quelle est pour toi l’approche de l’humanitaire d’aujourd’hui ? Quel est son avenir ? 

Elle a complètement changé ! Je me souviens, à l’université, pendant mes cours sur l’aide au développement, on parlait encore de « pays en voie de développement » ou même de « pays sous-développés »… C’est fou de repenser à ça aujourd’hui.

À l’époque, il restait encore une forme d’impérialisme, un vieux relent de colonisation dans la manière d’aborder l’humanitaire. L’aide était souvent conditionnée, avec derrière l’idée d’un « retour sur investissement », d’un bénéfice attendu.

Heureusement, tout ça a beaucoup évolué. On a vraiment déconstruit cette vision hiérarchique des peuples, et ça permet maintenant d’apporter une aide beaucoup plus juste, plus adaptée aux réalités locales. Les réflexes ont changé : on pense davantage à mobiliser les ressources sur place plutôt que d’importer systématiquement du matériel ou du personnel.

Et puis, avec l’explosion d’internet dans les années 2000, et plus récemment avec les réseaux sociaux, la fracture entre les pays du Nord et du Sud s’est atténuée. Les jeunes générations vivent dans un monde beaucoup plus connecté : elles ont accès à une multitude d’informations, peuvent se forger leurs propres opinions et imaginer leur avenir différemment.

Aujourd’hui, on ne peut plus parler d’humanitaire sur le long terme sans prendre en compte les attentes et les aspirations de ces jeunes générations locales. Ce sont elles qui façonnent la suite.

Aurais-tu une anecdote de ton déplacement à raconter ? 

J’ai été particulièrement marqué par une rencontre avec un enfant déplacé interne, c’est-à-dire un civil qui a dû se relocaliser en Ukraine à cause du conflit. Il avait reçu du matériel informatique de la Protection Civile pour pouvoir suivre les cours à distance, parce que l’enseignement en présentiel reste hybride là-bas, notamment à cause de la capacité d’accueil limitée des abris anti-aériens dans les écoles.

Malgré la barrière de la langue, il était très curieux de notre présence. Il trouvait ça presque incroyable de voir des Français venir jusqu’à chez lui, et on sentait qu’il cherchait à créer du lien, à comprendre qui on était. Quand je l’ai interviewé, il était un peu impressionné au début, puis, à la fin, il s’est mis à jouer du piano. Et là… c’est comme si tout avait changé.

Quand il jouait, on voyait qu’il était totalement concentré, comme dans sa bulle. Il ne disait rien, mais on comprenait beaucoup à travers sa musique. Certaines choses qu’il n’avait pas réussi à me transmettre par les mots. C’était un moment très fort, très humain. Ce jour-là, j’ai ressenti au fond de moi ce qui motive l’action humanitaire et ses acteurs.

En quoi la géopolitique est-elle intrinsèquement liée aux réponses humanitaires ? 

En fait, la géopolitique et l’humanitaire sont étroitement liées. Bien sûr, il y a les catastrophes naturelles ou climatiques qui créent des besoins urgents, mais la plupart du temps, ce sont surtout les rivalités politiques, économiques, territoriales qui plongent les populations dans des situations de grande fragilité.

Donc oui, la dimension géopolitique influence directement la naissance de besoins humanitaires.

Et puis, dans l’autre sens, pour qu’une réponse humanitaire fonctionne, il faut vraiment comprendre le contexte géopolitique. Ça veut dire connaître l’histoire du pays, les rapports de force, les enjeux culturels ou économiques… Sans cette compréhension fine, l’aide peut manquer sa cible, être mal perçue ou, parfois, aggraver les tensions au lieu de les apaiser.

Pensais-tu que l’engagement bénévole puisse avoir un si grand impact dans le soutien aux populations à l’international ? 

Franchement, non, pas du tout. J’avais un peu cette image des grandes ONG avec que des pros, des salariés, des experts hyper spécialisés… Je me disais que l’aide internationale, c’était leur domaine … Et en fait, j’étais loin d’imaginer à quel point des bénévoles pouvaient avoir un vrai impact, surtout dans une crise de cette ampleur.

Avec la Protection Civile, j’ai vraiment vu que ça fonctionne. Ce modèle hybride où les bénévoles interviennent dans l’urgence au plus fort de la crise, et où les salariés prennent le relais pour assurer la suite, sur du plus long terme… très efficace !

Mistergeopolitix

Un mot de la fin pour les bénévoles de la Protection Civile ?

J’ai eu la chance de rencontrer des personnes très différentes : des diplomates, des militaires, des journalistes… beaucoup d’acteurs profondément engagés. Et je dois dire que tout le monde n’a pas la chance de mener des missions qui ont un véritable impact, qui changent concrètement la vie des gens.

Ce que j’ai découvert à la Protection Civile, c’est assez rare : des femmes et des hommes prêts à donner énormément d’eux-mêmes pour que le monde aille un peu mieux. Je veux vraiment saluer votre engagement et vos missions, parce qu’on en a plus que jamais besoin.

Merci de m’avoir ouvert vos portes, et de m’avoir montré cette approche si humaine, malgré la complexité et la dureté des situations que vous affrontez au quotidien.

Le reportage est disponible sur la chaîne YouTube de Mister Geopolitix :

Besoin d'aide?

Toute l’équipe de la Protection Civile est à votre service et répondra à toutes vos questions.

Partager cet article :
Partager cet article :