En Ukraine, renforcer les capacités de structures médicales de proximité est une stratégie efficace dans l’amélioration de l’accès aux soins. Les effets de la guerre sont nombreux sur le système de santé qui est en grande tension :

• Augmentation des prises en charge avec les blessés de guerre et les déplacements de populations
• Destruction des centres de soins
• Réduction des effectifs de personnel médical (envoyés sur le front, déplacés internes, réfugiés en Europe, burn-out…)
• Approvisionnement tendu en matériel médical et médicaments
• Offre de transport contrastée

Aussi, les hôpitaux régionaux sont extrêmement sollicités, les délais de prise en charge s’allongent et leurs capacités ne sont pas extensibles à l’infini. Une des solutions réside dans le soutien aux hôpitaux de proximité (ou de district) dans l’objectif d’augmenter les prises en charge des patients locaux et/ou en réhabilitation suite aux blessures de guerre pour désengorger les hôpitaux régionaux et nationaux.

Grâce à des investissements dans du matériel médical innovant et moderne, grâce à la transition numérique et grâce à la formation des équipes locales, ces hôpitaux de district augmentent non seulement leurs capacités de soin mais aussi leurs offres de soin.

Consciente de la situation, la Protection Civile, qui veille à réaliser des projets humanitaires concrets en répondant à des besoins précis, s’est intéressée à l’hôpital de district de Koriukivka dans la région de Chernihiv. Il s’agit là centre hospitalier desservant la partie nord de la région de Chernihiv comptant 200 000 habitants. Il dispose dans ses rangs de 80 médecins et 180 infirmièr(e)s et propose les services de spécialités suivants : chirurgie, pédiatrie, gynécologie-obstétrique, infectiologie et soins intensifs/réanimation.

En 2022, pendant 41 jours, le district a été occupé par les forces armées russes et coupé du reste de l’Ukraine. L’hôpital n’a pu compter que sur lui-même pour assurer les soins médicaux malgré les pénuries de médicaments, les coupures d’électricité et de réseau. Depuis, il accueille des patients des régions voisines ainsi que des blessés de guerre.

Cette expérience confirme la nécessité du développement des hôpitaux de districts qui peuvent se retrouver en autonomie totale dans des conditions dégradées pour l’octroi des soins médicaux.

C’est pourquoi, la Protection Civile s’est positionnée sur deux projets de développement à l’hôpital de district de Koriukivka.

 

La chirurgie, une spécialité indispensable en temps de guerre

Une des spécialités médicales les plus en tension avec la guerre est la chirurgie. Les médecins sont confrontés à des traumatismes multiples liés à l’explosion de mines, drones, missiles, et à la projection de schrapnels ou d’éclats.

En 2023, en seulement 9 mois, l’hôpital de district de Koriukivka a réalisé 1300 opérations chirurgicales sur 900 patients. Cela représente une augmentation de capacité opératoire de 50% par rapport à 2021.

La cœlioscopie (appelée également laparoscopie) est une technique chirurgicale qui permet, par une petite ouverture de la paroi de l’abdomen, d’observer l’intérieur de la cavité abdominale ou pelvienne et d’intervenir sur les organes. Elle peut avoir deux objectifs : diagnostique et thérapeutique. Selon l’hôpital de district de Koriukivka, en moyenne 20% des opérations chirurgicales peuvent être réalisées de manière mini-invasive par cœlioscopie.

L’avantage majeur de cette technique est la réduction drastique du temps de récupération post-opératoire et des soins médicaux nécessaires associés. Equipés d’un set chirurgical adapté, les cinq chirurgiens du service ont réalisés en 2023 soixante opérations de ce type. Les autres patients éligibles à ce type d’opération sont soit envoyés à Chernihiv (70 km) ou à Kiev (250 km), soit opérés de manière ‘traditionnelle’.

Compte tenu de ces informations, la Protection Civile, avec le soutien de la Région Ile-de-France, a fourni en septembre 2024 un set de matériel chirurgical coelioscopique de dernière génération pour équiper le deuxième bloc opératoire de l’hôpital de district de Koriukivka en vue de doubler la capacité opératoire annuelle.

“La souffrance des blessés de guerre nécessite une réponse rapide et efficace, et la chirurgie est l’un des actes les plus nobles que nous puissions offrir.”

Henri Dunant, « Un souvenir de Solférino », 1862

Le service de maternité, un élan de vie dans ce conflit tragique

À Koriukivka, au sein de l’hôpital, naissent en moyenne 200 bébés par an. Le service de gynécologie-obstétrique est un véritable atout pour les familles du district qui évitent de longs trajets pour Chernihiv ou Kiev. D’après le Docteur Natalia Arynych, pédiatre néonatale à l’hôpital de Koriukivka, on remarque dernièrement une hausse des naissances avant terme, probablement due au stress engendré par la guerre.

Des moyens médicaux adaptés doivent être mis en place pour prendre en charge les enfants prématurés. Pour bien faire, il manquait à la maternité de l’hôpital un système de réanimation néonatal avec incubateur intégré.

Grâce au soutien de la Fondation Lefort-Beaumont – Institut de France, la Protection Civile a pu fournir au service de néonatologie l’équipement manquant en décembre 2024.

“La guerre a beau détruire, elle ne saurait empêcher la vie de se manifester. L’enfant qui naît est une révolte contre le désespoir.”

Paul Valery, « Variété », 1924

En conclusion, la dotation de ces équipements médicaux de pointe par la Protection Civile a permis de :

• Améliorer la qualité et l’offre de soins médicaux sur le district de Koriukivka,
• Développer l’accessibilité aux soins aux populations locales,
• Permettre une plus grande autonomie de traitements en local,
• Réduire le temps de récupération post-opératoire pour le patient,
• Réduire le temps d’occupation d’un lit hospitalier,
• Réduire les coûts de traitements (et éventuellement de transport),
• Diminuer le taux de mortalité néonatale,
• Soulager les hôpitaux nationaux et régionaux en tension permanente.