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Cyclone CHIDO à Mayotte : le témoignage d’un bénévole de la Protection Civile en mission humanitaire

En décembre 2024, Nathan Weimer, bénévole à la Protection Civile du Bas-Rhin (67) depuis 2016, a participé à une mission humanitaire sur l’archipel de Mayotte, gravement touché par l’intensité exceptionnelle du cyclone CHIDO. De retour en métropole, il partage avec nous son expérience, marquée par l’entraide, les défis et l’impact d’une action solidaire sur le terrain.

Bonjour Nathan, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer votre rôle au sein de la Protection Civile ?

Je m’appelle Nathan Weimer, j’ai 27 ans et je suis bénévole à la Protection Civile du Bas-Rhin depuis 2016. Je suis Cadre Opérationnel Départemental ainsi que Directeur Technique Adjoint. J’ai aussi d’autres compétences, comme le titre de télépilote de drone professionnel en sécurité/défense de niveau 1. Pour la mission à Mayotte en 2024, j’ai occupé le poste de Chef de Détachement Adjoint.  

 

 

Pourquoi avez-vous décidé de vous engager pour Mayotte ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Combien de temps êtes-vous intervenu ? 

J’ai décidé de m’engager dans cette mission parce qu’elle reflète parfaitement les valeurs de la Protection Civile. Aider fait partie de ma personnalité et intervenir à Mayotte représentait pour moi une opportunité précieuse de mettre mes compétences au service d’une île dévastée par un cyclone, où les besoins sont immenses et où nos actions ont un impact direct et visible. Je suis parti du 18 au 30 décembre.

Quelles étaient les principales missions qui ont été confiées aux bénévoles de la Protection Civile là-bas ? Pouvez-vous donner des détails ?

Les missions confiées à la Protection Civile à Mayotte consistaient à :

  • Distribuer des denrées alimentaires et d’eau ;
  • Effectuer des opérations de déblaiement ;
  • Prodiguer des soins dans différents dispensaires en collaboration avec notre équipe d’infirmiers et de médecins ;
  • Faire des reconnaissances dans des zones encore inaccessibles ou non repérées. 

À l’arrivée du détachement, nous avons dû monter le camp de base, un lieu indispensable pour permettre aux bénévoles de se reposer et de se nourrir. En tant que chef de détachement adjoint, j’ai épaulé le chef de détachement principal dans le développement de la mission, tout en restant au contact de la section pour m’assurer du bien-être de chacun. .   

Quels types de défis avez-vous rencontrés pendant vos missions (conditions climatiques, terrain difficile, logistique) ?

Nous avons dû relever de nombreux défis logistiques, notamment pour l’approvisionnement en nourriture et en eau. Acheminer du fret depuis la base logistique de La Réunion a été particulièrement compliqué. Nous avons aussi fait face à un climat très chaud et humide, qui rendait nos missions éprouvantes et fatigantes.

Y a-t-il des moments particulièrement marquants ou des situations difficiles que vous avez vécues pendant votre mission ?

Certains moments restent gravés en mémoire, comme les conditions de vie extrêmement précaires de certaines familles. Beaucoup vivent sans accès régulier à l’eau, à l’électricité ou même à la nourriture. Être confronté à une telle pauvreté est bouleversant et laisse parfois un sentiment d’impuissance face à l’ampleur des besoins. Voir une île dévastée par un cyclone d’une telle intensité, où presque tout est à reconstruire, est une vision difficile à oublier.

Comment avez-vous fait face à la gestion de la fatigue et à la pression du travail dans de telles conditions ?

Nous avons décidé d’envoyer les équipes sur le terrain très tôt le matin, afin de profiter des conditions climatiques les plus favorables de la journée. Cependant, la chaleur et l’humidité arrivaient rapidement, même tôt. Les équipes rentraient au camp de base en fin d’après-midi pour se reposer et préserver leur endurance sur la durée.

Comment s’est passée la collaboration avec les autres équipes (bénévoles, autorités locales, autres organisations humanitaires) ?

Travailler avec les autorités locales, comme les municipalités et les services publics, a été crucial pour l’efficacité de nos actions. L’entente avec les autres associations présentes sur place a toujours été excellente car nous partageons tous le même objectif : aider et secourir les Mahorais.  

En tant que bénévole, quel impact cette mission a-t-elle eu sur vous personnellement et professionnellement ?

En tant que bénévole, cette mission m’a permis d’acquérir une expérience précieuse en gestion de projets, en coordination d’équipes et en résolution de problèmes dans un contexte exigeant. J’ai aussi été confronté à des réalités sociales et humaines différentes des miennes, ce qui a développé en moi une plus grande empathie et une capacité d’écoute accrue. Je sais que cette expérience continuera de me guider et de m’inspirer dans mes futures actions.

Après cette expérience, quels enseignements tirez-vous sur la gestion des crises humanitaires et l’intervention en urgence ?

Cette expérience m’a appris que la gestion des crises humanitaires repose sur une préparation minutieuse, une grande flexibilité et une coordination parfaite entre tous les acteurs impliqués. J’ai aussi compris l’importance de prendre en compte les besoins réels des populations, d’adopter une approche durable et de ne jamais négliger l’aspect humain, que ce soit envers les populations locales ou nos intervenants. Une bonne communication est essentielle à la réussite de la mission, et une intervention bien pensée peut avoir un impact significatif et durable.

Qu’est-ce que vous diriez à ceux qui envisagent de se porter bénévoles pour des missions de ce type à l’avenir ?

Je dirais à ceux qui souhaitent se porter volontaires que ce type de mission peut être très éprouvant, selon la sensibilité de chacun. Vous serez confrontés à des situations que vous n’avez peut-être jamais connues, avec des réalités difficiles à accepter. Ces missions peuvent vous transformer et vous amener à vous remettre en question. Ce n’est pas une aventure facile, et les conditions climatiques peuvent être très dures par moments. Mais si vous êtes prêts à relever ces défis avec humilité, ouverture et passion, vous vivrez une expérience inoubliable. N’oubliez jamais que chaque action, même la plus petite, contribue à la reconstruction d’un territoire frappé par une catastrophe.

Comment la mission à Mayotte a-t-elle changé votre vision de l’aide humanitaire ou de la Protection Civile ?

Même si je suis à la Protection Civile depuis seulement huit ans, j’ai pu observer à quel point la Protection Civile a gagné en notoriété et en reconnaissance au fil du temps. Nous sommes désormais un acteur majeur lors de catastrophes, que ce soit en métropole ou en outre-mer. Ayant participé à la création des lots internationaux, j’ai ressenti une grande satisfaction en voyant ces lots utilisés à Mayotte. Cela prouve que la Protection Civile est capable d’anticiper et de s’adapter aux besoins, tout en développant ses missions au fil des années.

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Toute l’équipe de la Protection Civile est à votre service et répondra à toutes vos questions.

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